S oft power chinois contre hard power russe : le choix des deux pays révèle des niveaux fort différents de confiance en leurs possibilités.
Les amateurs de comparaisons réductrices souligneront le nouvel équilibre entre Mars et Vénus, la synthèse entre Hobbes et Kant, le mariage du soft et du hard power.
On parle beaucoup aujourd’hui de " hard power " et de " soft power " - c’est-à-dire de coercition et de persuasion - dont les spécialistes respectifs seraient l’Amérique et l’Europe.
D’un autre côté, le soft power donne à ceux qui suivent le "leader" plus de choix et de latitude que le hard power , parce que leurs idées et leurs choix comptent plus.
Notre cause est juste et nos alliés potentiels sont nombreux, mais ne pas être en mesure de conjuguer hard power et soft power dans le cadre d’une stratégie intelligente pourrait bien nous être fatal.
Clinton mettait davantage l’accent sur ce que Josef Nye appelle le « soft power »36, l’influence par la séduction économique et culturelle, et Bush le met sur le « hard power », l’influence par la contrainte militaire ou économique.
Il a éveillé l’hostilité mondiale plus que tout autre président américain avant lui et, en usant et abusant du hard power américain, il a nuit gravement à son soft power . La double priorité du prochain président américain consistera à réconcilier les Etats-Unis avec eux-mêmes et avec le monde.
Cinq ans après le 11 septembre, la grande leçon à tirer est que l’incapacité d’associer hard power et soft power de manière efficace dans le cadre de la lutte contre le terrorisme djihadiste peut nous faire tomber dans le piège tendu par ceux qui attendent le « clash de civilisations ».
En Europe, nous devons suivre l’exemple de la France qui vient d’augmenter substantiellement ses dépenses militaires, si, du moins, nous voulons être à même de déployer notre « hard power » de temps à autre pour soutenir le « soft power » et les valeurs et options stratégiques que nous partageons avec les Etats-Unis.
Il est très dommage que tant d’Européens se soient tenus à l’écart de l’Irak, par désir de donner des leçons de morale, et par sentiment anti-américain malveillant. Avec une participation européenne plus importante, le " hard power " de la machine militaire américaine aurait pu été contrebalancé par le " soft power " de l’Europe, nourri d’une expérience de diversité et de gestion des situations d’après-conflit.